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D’ici 2050, 900 millions de personnes occuperont les espaces urbains d’Afrique soit 60% de la population sur le continent contre 576 millions en 2015. La Côte d’Ivoire ne fait pas exception avec un taux d’urbanisation qui s’élève à plus de 51%. Les autorités doivent faire face aux conséquences liées à l’urbanisation galopante et au réchauffement climatique ce qui les poussent à construire des villes plus durables en proposant des initiatives pour faire face aux problèmes d’assainissement, de logement et de pollution.
Le secteur de l’eau et de l’assainissement, une priorité dans la transition écologique :
L’Office Nationale de l’Assainissement et du Drainage (ONAD) s’est engagé sur plusieurs projets majoritairement financés par la Banque Mondiale (BM), la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et l’Agence Française de Développement (AFD). Parmi ces projets figurent la construction de 31 stations de traitement de boues de vidange, 5 stations de dépotage dans le District D’Abidjan et raccordements de quartiers au collecteur de base (Abodo), la réalisation de bassins d’orage à Abidjan et dans certaines villes pour limiter le risque d’inondations ainsi que la couverture de 8 000 villages en latrines en plus des systèmes d’assainissement et de drainage (San Pedro, Korhogo). L’ONAD, chargé de trouver des investissements, a confié à la Société de Distribution de l’Eau de la Côte d’Ivoire (SODECI) les projets d’assainissement à Abidjan.
Récemment, la capitale a vu les 155 quartiers de ses 13 communes être raccordés et approvisionnés en eau potable grâce au projet d’Amélioration des performances techniques et financières dans le secteur de l’eau potable (APFT) initié par le gouvernement Ivoirien. L’APFT fait partie du programme « Eau pour tous » dans lequel le gouvernement a investi 72,5 millions d’euros qui a pour objectif d’approvisionner les quartiers d’Abidjan en eau potable. Avec l’aide de la SODECI et du groupe français Bouygues, L’« Eau pour tous » a permis la construction de plus de 110 000 raccordements au réseau d'eau potable et l’APFT a alimenté près de 105 quartiers soit 3 millions d’habitants en eau potable. La deuxième partie des travaux qui finira en 2023 et dont les investissements s’élèvent à 277,4 milliards d’euros s’engage à construire 800 km de réseau de distribution d’eau dans les 13 communes de la ville. Cette seconde phase apportera 30 000 mètres cubes d’eau supplémentaires pour approvisionner les quartiers de la capitale.
Dans le cadre du Schéma Directeur de l’Assainissement et du Drainage (SDAD), le gouvernement a lancé des travaux pour rénover les réseaux d’assainissement et aménager de nouvelles installations pour éviter les inondations notamment dans les communes Cocody, Adjamé, Attécoubé, Abobo, Bingerville, Marcory et Koumassi. Ce projet est financé en partie par le gouvernement qui a collecté 738 milliards de francs CFA (environ 1,2 milliard d’euros) ainsi que la Banque Africaine de Développement (BAD) qui a investi 38 milliards d’euros.
En dehors des initiatives gouvernementales, les municipalités mettent, elles aussi, en place des approches citoyennes visant à mobiliser et sensibiliser ses habitants à l’assainissement des villes. Par exemple, San Pedro, peuplée de 400 000 habitants, résout des problèmes grandissants dû à l’insalubrité des marécages et aux réseaux d’assainissement non entretenus. C’est Felix Anoblé, maire de la ville depuis 2018, qui a décidé d’y remédier en mobilisant des initiatives locales comme « j’aime ma ville, je l’assainis » qui invite ses habitants à venir nettoyer les caniveaux. La ville s’est aussi équipée de ses propres camions à ordures et poubelles et s’est engagée dans la construction de nouveaux canaux de récupération des eaux. La municipalité souhaite aussi créer de nouveaux espaces communautaires (aires de jeu, de rencontres, de détente) qui dessineront une nouvelle image de la ville Ivorienne et offrira une meilleure qualité de vie pour ses habitants.
Rendre les villes plus inclusives et solidaires :
Dans l’optique de rendre les villes du pays plus inclusives et solidaires, le gouvernement a lancé en 2013 un programme pour la construction de 50 000 logements sociaux par an afin de remédier au déficit estimé à hauteur de 500 000 unités. Malgré la croissance annuelle de 26% du secteur du bâtiment, l’un des plus dynamique du pays, le manque de lieux de résidence s’explique en grande partie par le fait que les populations toujours plus nombreuses gagnent les villes. Ayant également pour objet de rendre les villes plus écoresponsables, le gouvernement Ivoirien encourage l’utilisation de matériaux durables notamment la brique de latérite ou la terre-ciment dans les projets de constructions. Le gouvernement a également adopté un nouveau Code de la Construction en juin 2019 indiquant de nouvelles normes de construction et de performance énergétique.
Par ailleurs, le programme Agora, visant à construire 91 infrastructures socio sportives et culturelles dans les principales villes de Côte d’Ivoire, lance de nombreux programmes d’innovations sociales, autonomes et durables. Agora s’articule autour de deux objectifs principaux : la cohésion sociale et le développement économique. Ce programme est piloté par l’entreprise française WINWIN qui est chargé de mettre en œuvre des projets de développement durable par le sport en Afrique. Agora a pour mission d’utiliser le sport et la culture comme lien permettant la rencontre entre différents acteurs. Le programme s’articule autour de quatre axes : assurer la construction et la maintenance d’infrastructures autonomes en énergie, structurer un écosystème social autour du projet, s’assurer de la capacité à développer une exploitation durable du programme et former les acteurs de l’écosystème de l’Agora dans le but de développer l’économie locale. Le bâtiment Agora alimenté par des panneaux photovoltaïques accueille différents types d’activités sportives, économiques et sociales. Le complexe est divisé en zones répondant à trois enjeux sociaux qui sont la santé, l’innovation sociale et le développement durable. Agora a reçu un mandat de la part du ministère des Sports et des Loisirs de la Côte d’Ivoire afin de contribuer au programme national de développement du sport Ivorien.
Bien que le gouvernement se soit engagé à accompagner les villes du pays dans leur transition écologique pour les rendre plus durables et responsables, une ville semble se démarquer des autres : la capitale Abidjan. Celle-ci se positionne comme la nouvelle ville durable du pays notamment avec son programme ambitieux « Smart City Abidjan » qui repose sur la construction de la « Tour Iconique » à Treichville ainsi que la « Tour de la nation » au cœur du quartier des affaires d’Abidjan. Ces projets financés par la Banque Mondiale réunissant acteurs publics et privés (e.g., Wietc et le groupe Global life) ont pour objectif de promouvoir de nombreuses infrastructures immobilières durables. Ces complexes promettent d’offrir de nombreux lieux de vie touristiques (e.g, parcs botaniques) de détente (e.g, hôtellerie de luxe) et de transports qui mettent en valeur l’efficacité énergétique utilisée dans la construction du projet. Le District d’Abidjan promet aussi la création de deux écoquartiers en plein centre-ville d’ici 2030 sur une surface de 155 hectares avec le projet Marcory.
Le programme « Ville durable » d’un montant global de 1,5 milliard de dollars a sélectionné Abidjan dans le but de « réduire les émissions de gaz à effet de serre et de polluants organiques persistants (POP) » selon Koné Alimata, point focal du Fond mondial pour l’environnement (FEM). Les Nations Unies et ses partenaires (le FEM, la Banque africaine de développement - BAD), se sont engagés à améliorer la qualité de l’air à Abidjan en limitant la pollution issue des activités industrielles. Le projet « Abidjan Ville Durable » a équipé le Centre Ivoirien Anti-pollution (CIAPOL) de deux mini-stations mobiles qui permettent de mesurer la qualité de l’air en temps réel. Cinq autres entreprises privées ont bénéficié d’un soutien financier et d’assistance technique dans l’optique de limiter leur impact environnemental.
Tous ces projets témoignent de l’effort collectif de vouloir faire des villes, des espaces favorisant le progrès social, économique et environnemental du pays. En rassemblant différents acteurs, le Club Abidjan Ville Durable fondé en 2016 poursuit le même but de concevoir les villes futures de la Côte d’Ivoire, responsables et inclusives. Ainsi, la Côte d’Ivoire se positionne comme le leader d’Afrique en matière de ville durable en mettant son économie au service de la transition écologique.
Source : Business France Service Cleantech