Revisiter l’approche contemporaine du luxe pour mieux redonner vie aux accessoires de luxe de fin série est une tendance bien présente à Hong Kong. Cette approche est guidée par deux principes fondamentaux, recycler et personnaliser le produit, via la touche d’artistiques indépendantes. De bonne augure, puisq'un tiers du marché de la revente de produits de luxe cible les chaussures et les sacs à main, selon une étude menée par Mc Kinsey. Ainsi, certains artistes locaux s’emparent de cette tendance, à moindre coût, en dénichant des accessoires de fin de série et en les transformant en pièce unique, comme l’artiste hongkongaise Viki CHAN.

Elle s'est distinguée avec sa collection capsule «Classics Reimagined» de dix sacs à main et bagages vintage ornés d’œuvres d’art uniques et peintes à la main, lors de l’exposition organisée par une marque locale spécialisée dans la création de designs de mode durable (Wear Earthero). Viki Chan cherche à sublimer la beauté du produit en l’animant de ses couleurs et effets d'optiques : « je voulais aussi en faire une œuvre d'art en soi, afin que l'on puisse l'utiliser comme on le veut, mais on peut également l'afficher à la maison, et pas seulement à l'extérieur. C'est la beauté de l'art portable », souligne l’artiste. Sensible à la conservation de la faune et engagée, Viki privilégie le monde animal dans ses œuvres artistiques. A l’exemple du sac à main en cuir Hermes Kelly 35 où deux phénix peints à la main transforme l’objet en une scène vivante. De même, pour l’un des bagages Louis Vuitton animé d’un tigre et de papillons plus réels que nature, comme l’explique Viki : « c’est presque comme si les papillons étaient en 3D et le tigre était en fait sur le sac ».

Si ce marché ne représente que 1% du marché mondial du luxe actuellement, les perspectives de croissances sont réelles, au regard de l’engouement des hongkongais pour la rareté, l’histoire, la qualité et le travail artistique de ces pièces uniques. Le succès des ventes aux enchères et l’apparition de boutiques vintages sur le Territoire confirment cette tendance.

A l’ère des influenceurs, des réseaux sociaux et des célébrités, l’association produits de luxe, durabilité et art passe par un besoin d’appropriation et donc de personnalisation,  guidé par un attachement sentimental. "Le point le plus important dans la personnalisation est la création de valeur sentimentale, de sorte que les pièces ne sont plus des objets ou des produits. Ils deviennent des œuvres d'art qui ont des liens plus profonds avec l'artiste et le client, ou le client et la marque », conclut Viki Chan. Il n’est donc pas surprenant de constater que les plateformes de luxe d’occasion connaissent une popularité croisssante à Hong Kong depuis 2020, insufflée par la prise de conscience de la durabilité, de l’attractivité des prix et des pièces uniques.

Redonner une seconde vie aux produits de créateurs tout en sensibilisant davantage les consommateurs locaux à la durabilité et valoriser le patrimoine artistique, une mission qui porte ses fruits.

Source : 21/04/2022 –Gennady Oreshkin  - Prestige