Date de publication :

Secteur Transition écologique
Pays concerné
Pologne
Thématique Actualités du secteur
En avril 2022, la Pologne a instauré un embargo sur le charbon en provenance de Russie et du Kazakhstan. Le reste de l'UE a laissé une période de transition : l'embargo n'entrera pas en vigueur avant le mois d'août. Par conséquent, les importations de cette matière première dans l'Union ont même augmenté après le déclenchement de la guerre. Au lieu des importations de 6 à 9 millions de tonnes par mois, plus de 10 millions de tonnes ont été importées dans l'UE en mars 2022.

En avril 2022, la Pologne a instauré un embargo sur le charbon en provenance de Russie et du Kazakhstan. Le reste de l'UE a laissé une période de transition : l'embargo n'entrera pas en vigueur avant le mois d'août. Par conséquent, les importations de cette matière première dans l'Union ont même augmenté après le déclenchement de la guerre. Au lieu des importations de 6 à 9 millions de tonnes par mois, plus de 10 millions de tonnes ont été importées dans l'UE en mars 2022.

La Pologne, en revanche, se trouve dans une position plus difficile, étant l'un des pays les plus dépendants du charbon dans le monde et brûlant le plus de charbon en Europe. Cependant, en raison des pertes générées par l'industrie minière polonaise pendant plusieurs décennies (avec des interruptions mineures dans des situations de prix très élevés), la production de charbon en Pologne continue à diminuer presque sans interruption depuis 1979.

En 2021, la Pologne a extrait 42 millions de tonnes de charbon et en a brûlé 57 millions de tonnes. La différence a été couverte en moitié par la consommation des stocks créés pendant la pandémie (y compris ceux accumulés par l'Agence gouvernementale de réserve stratégique) et en moitié par des importations (principalement en provenance de Russie).

Les données disponibles auprès de l'Office central des statistiques (GUS) montrent qu'à la fin du mois de mai 2022, près de 3 millions de tonnes de charbon thermique étaient déjà importées en Pologne, dont 1,8 million de tonnes en provenance de Russie. Cependant, à partir de la mi-avril, des quantités importantes de charbon n'ont été acheminées que depuis d'autres pays et uniquement par voie maritime. De janvier à juin, 3,8 millions de tonnes de charbon sont arrivées dans le plus grand port de Pologne, à Gdansk. Les ports de Szczecin et de Świnoujście ont déchargé environ 500 000 tonnes. Le port de Gdynia a déchargé environ 1 million de tonnes. 

Les importateurs et les autorités portuaires font tout pour augmenter le taux d'importation de charbon. À Szczecin, l'approfondissent le quai pour augmenter la capacité de transbordement à 0,5 million de tonnes par mois est en cours. Les contraintes sont tout de même importantes : il est difficile d'obtenir des "slots" où un navire peut être déchargé, et le gouvernement fait pression sur les ports pour qu'ils donnent la priorité au déchargement des navires transportant do charbon pour les deux entreprises étatiques, Węglokoks et PGE Paliwa.

Les importateurs de charbon en provenance des pays voisins de la Russie sont aussi confrontés aux défis de l'administration des douanes. Le charbon du Kazakhstan, du Kirghizstan et de la Mongolie passe par les ports russes - il n'y a pratiquement pas d'autre possibilité. Les bureaux de douane polonais adoptent l'interprétation selon laquelle le charbon qui a transité par un port russe est automatiquement soumis à des sanctions, même si on présente un certificat d'origine.

Dans un scénario optimiste, avec une augmentation de l'exploitation minière, une diminution des exportations, le respect des contrats d'importation de charbon par voie maritime (les contrats d'importation ne sont pas toujours honorés), ainsi qu'un déchargement efficace des navires dans les ports et un transport efficace par rail, la Pologne disposera de 53 millions de tonnes de charbon thermique cette année. Cela reste inférieur de 4 millions de tonnes à la demande de l'année dernière. Toutefois, cette quantité de charbon thermique serait suffisante pour répondre à la demande de charbon des grands consommateurs : centrales électriques, centrales de cogénération, grandes installations de chauffage et industrie.

Les importateurs de charbon en provenance des pays voisins de la Russie sont aussi confrontés à l'administration des douanes. Le charbon du Kazakhstan, du Kirghizstan et de la Mongolie passe par les ports russes - il n'y a pratiquement pas d'autre possibilité. Les bureaux de douane polonais adoptent l'interprétation selon laquelle le charbon qui a transité par un port russe est automatiquement soumis à des sanctions, même si on présente un certificat d'origine.

Dans un scénario optimiste, avec une augmentation de l'exploitation minière, une diminution des exportations, le respect des contrats d'importation de charbon par voie maritime (les contrats d'importation ne sont pas toujours honorés), ainsi qu'un déchargement efficace des navires dans les ports et un transport efficace par rail, la Pologne disposera de 53 millions de tonnes de charbon thermique cette année. Cela reste inférieur de 4 millions de tonnes à la demande de l'année dernière. Toutefois, cette quantité de charbon thermique serait suffisante pour répondre à la demande de charbon des grands consommateurs : centrales électriques, centrales de cogénération, grandes installations de chauffage et industrie.

L'année dernière, la consommation de charbon fin non traité à pouvoir calorifique modéré s'est élevée à 48 millions de tonnes. Toutefois, avec 3 millions de ménages qui se chauffent encore au charbon, la Pologne est le seul pays d'Europe où une part importante du charbon provenant du marché intérieur est destinée aux chaudières domestiques ou aux petites installations de chauffage des hôpitaux, des écoles ou des serres. La majorité de ces chaudières ne sont pas conçues pour brûler des matières fines, et selon la législation anti-smog, cela n'est pas autorisé non plus. Ils brûlent du charbon propre, avec une teneur en cendres plus faible, un pouvoir calorifique plus élevé et une granulométrie plus importante. Les anciennes chaudières utilisent la sorte la plus grossière (noix, cube, billette), tandis que les chaudières modernes équipées d'un système d'alimentation automatique utilisent la sorte moyenne (pois). Selon les estimations, la consommation des qualités moyennes et grossières de l'année dernière pourrait atteindre environ 9 millions de tonnes, et en cas d'hiver très froid, la demande de ce combustible pourrait atteindre 11 millions de tonnes.

Depuis plusieurs décennies, on extrait moins de ce type d'énergie qu'on n'en brûle en Pologne. L'année dernière, environ 5 millions de tonnes de ce type de combustible ont été produites. Selon les estimations, 3 millions de tonnes supplémentaires ont été tamisées à partir du charbon arrivant de l'Est, et un million supplémentaire a été récupéré à partir des stocks de l'hiver précédent.

Le problème est que dans le charbon dur russe ou kazakh, jusqu'à 30-40% des matières moyennes et grosses peuvent être criblées. En revanche, à partir du charbon importé de Colombie, il est plutôt possible d'obtenir de 10 à 15 % de charbon utilisable dans les chaudières domestiques, car le charbon est plus mou et s'effrite plus rapidement lors du transport maritime.

Certaines entreprises ont repéré une opportunité commerciale de transport du charbon du Kazakhstan par camion. Des convois de 20 voitures sont organisés, chacune transportant environ 20 tonnes de charbon. Ces transports sont organisés également par les entreprises de transport de l'Ouzbékistan, du Turkménistan et même de l'Iran. Néanmoins, l'opportunité du transport routier du charbon du Kazakhstan est sur le point de prendre fin - le gouvernement d'Astana a annoncé un embargo sur l'exportation de la matière première par camion à partir du mois d'août. Les responsables craignent une hausse des prix et une pénurie de matières premières dans le pays.

Le charbon russe arrivait en Pologne principalement par voie ferroviaire. Après l'embargo polonais, le terminal charbonnier de Braniewo a pratiquement disparu du jour au lendemain. Le maire de Braniewo a demandé au gouvernement d'aider plusieurs centaines de personnes qui ont perdu leur emploi. Il ne reste plus que l'infrastructure ferroviaire à la frontière avec le Belarus, mais elle sera probablement dermée aussi.

En parallèle, les entreprises minières d'État vendent du charbon bien en dessous des prix du marché pour faire croire que personne ne manquera de charbon puisque ses prix ne sont pas élevées. La capacité à compenser l'écart entre l'extraction et les importations nettes de charbon et la demande dépendra largement des conditions météorologiques en automne et en hiver. S'il y a du vent, le simple fait de maintenir la forte production des parcs éoliens de cette année pourrait permettre d'économiser jusqu'à un million de tonnes de charbon supplémentaires. Les températures modérées auront le même impact positif. En outre, la réduction significative des exportations d'électricité observée ces derniers mois en raison de pénuries de carburant devrait permettre une réduction de la consommation de charbon par rapport à l'année dernière. Avec une réduction des exportations et la situation météorologique favorable, il serait possible d'équilibrer la demande et l'offre de charbon sans intervention drastique de l'État polonais.

Source : Rafał Zasuń, Bartłomiej Derski, 01.08.2022, wysokienapiecie.pl