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Un rapport de la Soil Association a révélé qu'entre 2017 et 2020, le Royaume-Uni a connu une augmentation des installations d'élevage intensif autorisées, allant de +7% en Angleterre à +21% au Pays de Galles.
Cependant, une enquête menée par l'association a révélé que 8 répondants sur 10 étaient préoccupés par la croissance de l'agriculture industrielle « à l'américaine », montrant que les consommateurs britanniques ne sont pas enclins à accepter des normes alimentaires et agricoles revues à la baisse. Les trois quarts des répondants au sondage ont déclaré être prêts à manger moins de viande de volaille et à payer plus, si cela signifiait que le poulet consommé a reçu un meilleur traitement.
Au lendemain de la sortie du Royaume-Uni de l’UE et en raison de la pandémie de COVID-19, les consommateurs demandent en effet de la nourriture de qualité, abordable et sûre, avec notamment un intérêt grandissant pour la traçabilité des produits alimentaires. On observe également un intérêt croissant pour des aliments produits localement, à la fois de la part des consommateurs mais aussi des enseignes de distribution alimentaire, référençant la présence de produits britanniques dans leurs magasins.
Les niveaux d'autosuffisance en fruits et légumes ont régulièrement baissé depuis le milieu des années 1980, passant de 78% des besoins alimentaires à 64% aujourd’hui. Jusqu'à présent, les importations ont facilement compensé tout déficit. Mais alors que le Brexit et le changement climatique menacent de faire des ravages, les experts annoncent qu'une plus grande autosuffisance sera nécessaire. Selon la directrice de la National Farmers’ Union (NFU), la sécurité alimentaire est un point crucial en faveur d’une plus grande autosuffisance et devrait être au cœur des politiques gouvernementales.
Selon Rob Percival, responsable à la Soil Association, le Royaume Uni doit maintenant passer à l'agroécologie, c'est à dire une agriculture qui travaille avec la nature grâce à la diversité des cultures, qui prend soin de la santé du sol, qui gaspille moins, qui intègre les arbres dans le paysage agricole et qui garantit aux animaux un élevage à l'air libre et une bonne alimentation.
Cela arrive à un «moment critique» pour l’industrie, le Brexit ayant suscité la réévaluation la plus importante de la politique alimentaire et agricole depuis une génération. Il faut cependant que le Royaume Uni reste prudent sur les accords commerciaux en cours de négociation. Les britanniques ont clairement indiqué qu'ils souhaitaient que les normes concernant le bien-être animal et la protection de l'environnement soient respectées dans les futurs accords commerciaux.
Le prochain plan de la "National Food Strategy" devrait offrir une opportunité de faire progresser le programme alimentaire national au Royaume-Uni, en donnant un rôle central à une agriculture respectueuse de la nature, comme l'agroécologie et le bio, et en incluant des mesures pour lutter contre la surconsommation d'aliments ultra-transformés.
L’attrait pour le bio est clairement un sujet montant dans le pays ; le marché britannique des aliments biologiques ayant connu la croissance la plus rapide depuis 15 ans, avec des ventes en hausse de 12,6% en 2020. Néanmoins, produire bio reste un défi, en parti dû aux aléas climatiques et à la grande taille des exploitations. Son voisin, l'Irlande, a d’ailleurs enregistré le deuxième niveau d'agriculture biologique le plus bas d'Europe, avec seulement 1,6% des terres agricoles qui lui sont attribuées, contre une moyenne de l'UE de 8,5%.
Il y a plusieurs années, le gouvernement avait promis un «Brexit vert» pour l’alimentation et l’agriculture, et bien que cela ne soit pas trop tard, le pays doit encore faire ses preuves.
Néanmoins, malgré les préoccupations des consommateurs concernant les pratiques agricoles, de nouvelles recherches d'EIT Food, la principale initiative européenne en matière d'innovation alimentaire, ont montré que la confiance dans le secteur alimentaire s'est accrue en 2020 puisque les agriculteurs ont gagné la confiance de deux tiers des consommateurs. Ceci est particulièrement vrai au Royaume-Uni, où 7 consommateurs sur 10 pensent que les agriculteurs agissent dans l'intérêt public. Le rapport AHDB Trust in Farming de l'année dernière a confirmé cette tendance, le nombre de personnes ayant un regard positif sur l'agriculture britannique a augmenté de 66% en 2020. Il existe bel et bien une réelle reconnaissance du rôle que l'agriculture a joué pour garantir l'approvisionnement de denrées alimentaires pendant les différents confinements qui ont touché le pays.
Sources : 10/02/2021, Specialty Food Magazine - Henry Sandercock, 12/02/2021, The Grocer - Eithne Shortall, 7/02/2021, The Sunday Times - Jonathan Riley, 11/02/2021, Farmers weekly