Dans l'établissement Pro-Seniore de Cochem, 15 des 70 lits ne sont pas occupés. Selon Margarete Vehrs, directrice de la résidence, cette mesure permettrait à presque tous les résidents d'être pris en charge par du personnel permanent. "De nombreux collègues font de même", déclare-t-elle. Le recours à du personnel intérimaire coûteux pourrait ainsi être considérablement réduit.

Selon Vehrs, l'emploi d'un travailleur intérimaire engendre des coûts mensuels de plus de 10 000 EUR dans l'établissement contre environ 4 300 EUR pour un personnel soignant permanent. "D'un point de vue économique global, cela peut conduire à la faillite d'un établissement", a-t-elle déclaré. Actuellement, elle emploie quatre intérimaires.

De plus en plus de personnels soignants passent par l'intérim (environ 12 000 en 2018 et 17 000 en 2022), leur permettant de bénéficier de meilleures rémunérations et avantages (jusqu’à 1 000 EUR net en plus par mois, une voiture de fonction et des plannings de service plus souples). Ce privilège provoque des tensions au sein du personnel permanent.

Stefan Sell, chercheur en sciences sociales, estime que la décision des gestionnaires de maisons de retraite de réduire le personnel afin de devoir faire appel à moins d'intérimaires "aura pour conséquence que de nombreuses familles ne pourront plus obtenir de place en maison de retraite pour leurs proches dans les années à venir".

Les ministres fédéraux de la Santé Karl Lauterbach et du Travail Hubertus Heil réagissent ensemble à cette évolution : "Différentes mesures ont déjà été convenues pour réduire le nombre de travailleurs intérimaires. Le financement de 13 000 postes de personnel qualifié et de 20 000 postes de personnel auxiliaire dans les soins de longue durée ont été rendus possible".

Ces mesures sont totalement insuffisantes, critique Sell. Selon lui, il était déjà question en 2018 des 13 000 infirmiers supplémentaires : "Beaucoup de ces postes promis à l'époque ne sont toujours pas occupés, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'infirmiers. Et les présenter à nouveau en 2023 comme un point de solution, c'est tout de même un peu culotté", déclare-t-il.

Le thème du travail intérimaire dans les soins est désormais abordé dans une étude commandée par le ministère fédéral de la Santé. Les résultats seront publiés prochainement, a déclaré une porte-parole du ministère.

Source : Tagesschau, 06/03/2023