Date de publication :

Secteur Equipements et Solutions pour l'Agriculture et l'Agroalimentaire
Pays concerné
États-Unis d'Amérique
Thématique Actualités du secteur

La course pour des protéines alternatives respectueuses de l’environnement

Alors que la production agricole Américaine comptait pour 10 % des émissions de gaz à effet de serre totales du pays en 2019 et que la population mondiale approche des 8 milliards, il est primordial de trouver une source de protéines plus durable que la viande. L’empreinte carbone de la viande et du soja, sur lesquelles dépendent de nombreux aliments, est non négligeable. De plus en plus de solutions plus respectueuses de l’environnement voient le jour : de la fermentation, aux protéines d’insectes, en passant par les fungus, nombreuses sont les solutions. La réduction de l’empreinte carbone de notre consommation de protéines devra d’abord passer par l’alimentation animale, qui représente 1/8e de toutes les émissions carbones. Certaines solutions dédiées à l’alimentation animale (poulets, aquaculture…) permettent de réduire jusqu’à 700 fois l’empreinte carbone par rapport à de la farine de poisson, et jusqu’à 100 fois par rapport à du soja. Le potentiel est considérable et devra passer par l’appui des gouvernements et règlementations, en parallèle d’une collaboration étroite avec les instituts de recherche et investisseurs.

 

Un défi pour intensifier la production de protéines alternatives

Afin que l’industrie des protéines alternatives passe d’une niche à une source alimentaire fiable, de nombreux facteurs vont entrer en jeu.

Ces dernières années, la demande pour des sources alternatives de protéines a souvent surpassé les capacités de l’industrie. Alors que la demande ne continue de croître, il sera critique pour l’industrie d’investir dans sa chaîne d’approvisionnement, ses infrastructures, et son écosystème de services et production. Cependant, d’autres facteurs seront critiques, comme les qualités organoleptiques, le prix, la règlementation, les difficultés financières et la qualité nutritionnelle, sans oublier la durée de vie des produits et l’accès à une main d’œuvre qualifiée.

Le gain de productivité et de capacité de production devra passer par des aides gouvernementales. Une fois que les gouvernements auront réalisé l’impact que peuvent avoir les sources alternatives de protéines sur des problématiques clés comme la sécurité alimentaire, la biodiversité et le changement climatique, alors les investissements gouvernementaux pourront accélérer considérablement les capacités de l’industrie. Cette prise de conscience a déjà eu lieu dans de nombreux pays. Aux USA par exemple, le département d’agriculture a donné 10$M à un consortium d’universités pour la création d’un centre d’excellence pour l’agriculture cellulaire. Au niveau règlementaire, ils ont également annoncé que les protocoles de sécurité alimentaire existants étaient suffisants pour assurer la sécurité de produits issus de cultures cellulaires, une annonce très attendue. Les investissements publics devront être importants, The Good Food Institute recommande notamment dans un rapport que les gouvernements mondiaux investissent au global 10 Mds USD annuellement pour la R&D et la commercialisation des protéines alternatives.

 

Des investissements en déclin, en lien avec les tendances du marché

Selon The Good Food Institute (GFI), l’attrait des investisseurs pour les protéines alternatives reste important. Le secteur a cumulé 14,2 Mds USD d’investissements privés sur les 10 dernières années, avec des investissements annuels qui doublent quasiment chaque année.

En 2022 cependant, le secteur avait attiré 2,9 Mds USD d’investissements, en forte baisse par rapport à l’année précédente (- 42 %), malgré un optimisme continu pour le secteur de la part des investisseurs. Cette baisse d’investissement est à mettre en parallèle à la baisse générale des investissements tout secteur confondus (- 35 %).

Cette baisse d’investissements est liée à la baisse des ventes, de - 1,2 % pour les protéines végétales l’année dernière aux USA, et à la baisse du nombre de consommateurs : 47 % de tous les consommateurs américains consomment aujourd’hui des protéines végétales, soit 3 % de moins que l’année dernière.

La catégorie végétale (viandes et substituts d’œufs et produits laitiers à baise de protéines végétales), a attiré 1,19 Md USD en 2022, avec 145 transactions. La croissance de cette catégorie devra se reposer sur des innovations afin de toucher un public d’autant plus large. C’est en proposant des solutions appétissantes que l’industrie arrivera à séduire plus de consommateurs et à ainsi générer davantage de retours sur investissements pour les investisseurs.

La catégorie des viandes et fruits de mers cultivés a attiré 896 M USD en 2022 avec 77 transactions, alors que les entreprises ayant recours à la fermentation ont attiré 842 M USD en 2022 avec 89 transactions. Bien que la fermentation attire de plus en plus d’investissements, ceux-ci seront davantage nécessaires dans le futur afin de baisser les coûts de production, d’acquérir des approbations règlementaires et d’attirer le grand public.

Pour conclure, les protéines alternatives ont un fort potentiel pour l’avenir, du fait de leurs avantages pour l’environnement par rapport à de la viande classique. Cependant la route est encore longue pour en faire une source primaire de protéines dans le monde et de nombreux obstacles devront être franchis. La transition devra passer par des investissements gouvernementaux considérables, des innovations pour attirer davantage de consommateurs et des changements règlementaires.  

 

Sources :

Jamie Hailstone, 19/04/2023, Forbes ; Oliver Morrison, 28/04/2023, FoodNavigator ; Monica Watrous, 2/05/2023, FoodBusinessNews ; Megan Poinski, 12/04/2023, FoodDive ; The Good Food Institute.