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M. Russ, pour entrer dans le vif du sujet, à quoi ressemblera la mobilité du futur ?
Nous nous dirigeons vers un univers de services, avec une mobilité intégrée dans l’intérêt du client et de l’environnement. La mobilité doit être centrée sur l’homme et offrir des solutions individuelles multimodales. L’infrastructure existante doit être utilisée au mieux en termes de temps et d’espace.
Dans le contexte de la numérisation, il s’agit aussi de compétences de pilotage. Il est important de voir que nous passons d’un produit, la station-service par exemple, à un service, la mise à disposition d’énergie. La gestion des données pour l’infrastructure et les services commencent dès la navigation, la réservation des bornes de recharge. Pour cela, il nous faut des informations dynamiques.
Pour les marchandises, il s’agit de passer de la route au rail. Une distribution fine intelligente et des sites logistiques de qualité sont essentiels pour y parvenir. Dans l’exploitation ferroviaire, la numérisation est également une priorité afin d’exploiter au mieux les capacités de l’infrastructure physique existante. L’attelage automatique digital en est un bon exemple car il permet d’améliorer la sécurité du personnel et l’efficacité des opérations internationales.
Pouvez-vous nous citer des projets fructueux qui sont en cours de réalisation ?
En ce qui concerne la gestion des données, NAPCORE est un projet européen important. AustriaTech joue un rôle clé en tant que point d’accès national aux données de mobilité (National Access Point). Pour une logistique efficace ou des offres de mobilité multimodale, l’accès interopérable aux données en Europe est un facteur crucial.
L’Autriche et la France partagent depuis très longtemps une vision commune sur le thème des C-ITS. AustriaTech a largement contribué au développement de la plateforme C-Roads et nous assurons également la coordination des différents projets C-ITS. Les exploitants routiers et les décideurs de toute l’Europe sont ainsi réunis pour harmoniser les services liés aux C-ITS. La plateforme constitue la base du trafic du futur, connecté et automatisé.
Le projet Linking Alps est en phase finale. Avec des partenaires d’Autriche, d’Allemagne, d’Italie, de Slovénie, de Suisse et de France, ce projet de trois ans vise à établir un service d’échange standardisé pour les informations de voyage. Les informations des différents opérateurs pourront ainsi être intégrés dans un seul outil.
Quelles sont les mesures politiques envisagées en Autriche pour faire avancer la transition vers une mobilité plus verte ?
Le plan d’action pour la transformation numérique de la mobilité vient d’être publié. Il en résulte notamment une coopération étroite entre tous les acteurs publics et privés, le suivi de l’impact environnemental des mesures ou encore la création de régions pionnières pour la gouvernance des données et des services.
L’accès aux données est un facteur clé de la mise en œuvre du plan d’action. Il est nécessaire de parler du cadre juridique, de la protection des données et de la cybersécurité. A quoi peuvent ressembler les accords entre les parties prenantes pour que chaque personne impliquée y trouve une valeur ajoutée ? Il est important que les données ne soient pas seulement partagées, mais que leur utilisation soit également transparente.
Pour une économie locale performante, l’installation d’outils numériques, mais aussi la formation continue et la qualification des utilisateurs dans les régions sont essentielles. La numérisation doit tenir compte des spécificités régionales et les renforcer. Il faut des standards ouverts et une action partenariale de tous les acteurs. L’automatisation sur la route et les liaisons entre les sites d’exploitation, par exemple, ne concernent pas seulement les grands groupes, mais aussi les PMEs ainsi que la région.
Quelles sont les tendances et les technologies qui influencent particulièrement le développement de la mobilité ?
Depuis décembre 2022, nous sommes le centre de pilotage autrichien pour l’e-mobilité. L’objectif est de décarboniser le secteur des transports. En 2030, pour chaque citoyen autrichien la distance pour atteindre une borne de recharge rapide pour sa voiture électrique ne devra pas dépasser 15 kilomètres. Pour la plupart des gens, cette distance sera nettement inférieure à 3 kilomètres. La gestion de l’infrastructure et des réservations pour l’infrastructure de recharge est cruciale et demande une approche harmonisée et coordonnée.
D’autres thèmes clés dans le domaine des ITS sont l’infrastructure de communication nécessaire, la gestion des données, la mise en réseau des services, l’automatisation, et la gestion du trafic. Nous soutenons le ministère fédéral dans la mise en place de programmes d’innovation et de recherche et la mise en place de projets concrets.
En ce qui concerne la mobilité partagée, la France est pour nous un excellent pays modèle. En Autriche, un plan d’action sur la mobilité partagée sera bientôt présenté par le ministère des transports. A ce jour, il existe déjà des programmes régionaux pour les villes et les communes ainsi que pour les entreprises. Diverses mesures incitatives sont mises en place dans le secteur du tourisme pour encourager les personnes à utiliser les transports en commun lors de leurs déplacements. Le covoiturage sur les routes névralgiques est par exemple une bonne solution pour réduire le trafic pendulaire.
Vous organisez un symposium international sur les opérations sur les autoroutes et les péages (ISFO) du 26 au 30 juin ? A qui s’adresse le symposium ? Quels sont les thèmes principaux qui seront abordés lors du symposium ?
Oui, nous attendons cet événement avec impatience ! L’avenir de la gestion du trafic sera abordé sous différents angles. Quatre thèmes transversaux déterminent le cadre de l’événement : Gouvernance et défis organisationnels, stratégies et performances opérationnelles, nouvelle génération de systèmes et de services de gestion du trafic, financement innovant des autoroutes.
Plus de 400 participants pourront ainsi aborder des questions concrètes dans le cadre de plus de 40 ateliers, keynotes, visites techniques et démonstrations. Par exemple, comment mesurer la performance ou le respect de l’environnement de l’infrastructure ? Comment l’IA peut-elle être utilisée pour gérer les flux de trafic, comment les données peuvent-elles être utilisées pour établir des corrélations ? Comment financer la route de manière plus durable ?
En Autriche, nous avons des partenaires performants tels que l’opérateur autoroutier Asfinag, l’institut de recherche AIT, le ministère des transports BMK et des acteurs de l’industrie tels que Kapsch, Swarco, Yunex, qui s’impliquent dans l’événement. Nous serions bien sûr ravis que de nombreux participants français viennent également partager leur savoir-faire lors de ce symposium.