Date de publication :

Secteur Transition écologique
Pays concerné
Italie
Thématique Grands projets
Le Premier ministre Mario Draghi l'a appelée "la révolution verte" : la partie du Plan national de relance italien consacrée à la transition écologique bénéficiera d’un ajout budgétaire de près de 2 Mds EUR.

Cela porte la dotation totale à 68,3 Mds EUR, soit environ 30 % du budget total prévu pour le Plan de relance. 

Les thématiques « vert et numérique » sont les moteurs pour redessiner l'Italie post-Covid. Ces leviers tenteront ainsi de combler les écarts structurels qui, pendant des décennies, ont poussé le pays au bas du classement en termes de taux de productivité, de participation des femmes sur le marché du travail et de niveau d'emploi des jeunes.  

La réalisation du PNRR (le plan de redressement ou plan de relance) joue sa crédibilité tout d'abord en Europe, qui pour la première fois a mis en place une forme de partage de la dette. Les 221,5 Mds EUR disponibles constituent réellement une opportunité historique, non reproductible.  

Les chiffres du plan 

Le gouvernement présentera un paquet global d'interventions de 221,5 Mds EUR. 

D'une part, 191,5 Mds EUR couverts par le Fonds de relance proprement dit (138,5 Mds EUR pour les nouveaux projets et 53 Mds EUR pour le remplacement des projets existants). D'autre part, 30,04 Mds EUR proviendront du Fonds complémentaire. 

Les deux fonds - comme l'ont demandé tous les partis de la majorité - auront les mêmes procédures simplifiées, avec des objectifs et des cibles intermédiaires, mais les ressources nationales n'auront pas l'obligation de faire rapport à Bruxelles et, dans certains cas, pourront être dépensées au-delà de 2026.  

Les chapitres d’interventions 

La mission “Révolution verte et transition écologique” dotée de 57 Mds EUR, dont 34,6 Mds EUR destinés aux nouveaux projets, s’axe autour de 4 priorités :  

  • Agriculture durable et économie circulaire : cette partie recevra 5,27 Mds EUR dont 140 M EUR pour les “green communities” (les communautés intelligentes et vertes dans les zones de montagne). 30 M supplémentaires iront, eux, à la culture et à la sensibilisation aux défis environnementaux ; 

  • Energie renouvelable, hydrogène, réseau et transition énergétique et mobilité durable : le plan de relance y intègre un fonds total de 23,78 Mds EUR dont 8,58 Mds EUR dédiés au transport local durable et 3,64 Mds EUR pour le renouvellement des flottes de bus, trains et bateaux. C’est également au sein de cette partie que l’on retrouve le soutien de 250 M EUR aux start-up et VC actifs au sein de la transition écologique ; 

  • Efficacité énergétique et requalification des bâtiments : 15,22 Mds EUR sont prévus pour cette mission dont les trois quarts seront consacrés aux éco bonus pour la requalification énergétique et antisismique des habitations. 200 M EUR serviront également à garantir le développement de 330 km de réseaux efficients et la construction d’installations pour la récupération de la chaleur provenant des déchets ; 

  • Protection du territoire et ressources en eau : 15,06 Mds EUR seront consacrés à cette dernière mission pour l’assainissement des sites orphelins (500 M EUR), - c’est-à-dire les sites dont la bonification est la charge d’une administration publique - la restauration et la protection des fonds et habitats marins (400 M EUR). Ce dernier chantier devra inverser la tendance quant à la dégradation des écosystèmes marins et aider au maintien des activités fondamentales pour la filière côtière et productive (pêche, tourisme, alimentation, etc.). 

  

La fonction du fonds complémentaire 

Pour la mission Révolution verte, le fonds national alloue 11,65 Mds EUR dont 8,25 Mds pour l'écobonus et le sisma bonus (rénovation antisismique d’habitations) afin de compenser la diminution de la part européenne par rapport à la version originale du gouvernement Conte bis. 

Les infrastructures pour la mobilité durable quant à elles recevront 6,12 Mds EUR et l’inclusion et la cohésion aura une dotation de 3,25 Mds EUR. Afin de mettre en lumière ces données, la mission centrée sur la santé bénéficiera d’un budget de 2,89 Mds EUR. 

Cet argent doit cependant être correctement dépensé. L'Italie a été le pays le plus durement touché par la profonde récession provoquée par le virus et c'est pourquoi elle est aussi le plus grand bénéficiaire des ressources disponibles. 

Le ministre Draghi a déclaré le 21 avril 2021 lors de son intervention au "Leaders Summit On Climate", que "l'Italie est un pays beau mais fragile". 

Il ne s’agit donc pas uniquement de la protection de l'environnement et de la lutte contre le changement climatique. Le ministre a en tête un modèle de développement différent qui traverse tous les secteurs de la vie économique et sociale : des écoles et de la formation aux entrepôts industriels.  

Ces 70 Mds EUR pour la transition écologique iront à des investissements dans les infrastructures vertes, dans l'économie circulaire, dans la mobilité durable. 

Il y a donc un "fil vert" qui anime l'ambition d'un changement de paradigme dans l'économie et qui peut aussi être l'outil avec lequel il sera possible de combler les lacunes de trop d'inattentions et de paresse dans le passé du côté de la politique industrielle et du rôle même de l'État dans l'économie. 

Concernant les entreprises, certaines d'entre elles devront changer radicalement a annoncé Draghi, car le défi numérique ainsi que celui du développement durable, exigent des compétences professionnelles différentes.  

Draghi l'a formulé ainsi dans ses déclarations de politique générale au Parlement : "La réponse de la politique économique au changement climatique et à la pandémie devra être une combinaison de politiques structurelles qui facilitent l'innovation ; de politiques financières qui facilitent l'accès des entreprises capables de se développer au capital et au crédit ; et de politiques monétaires et fiscales expansives qui facilitent l'investissement et créent une demande pour les nouvelles activités durables qui ont été créées. Nous voulons laisser une bonne planète, pas seulement une bonne monnaie." 

Tout cela vise à augmenter le taux de croissance de l'économie. "Une croissance économique plus robuste, durable et inclusive", peut-on lire dans le plan-Draghi.  

Après l'effondrement du PIB l'an dernier (-8,9 %), le gouvernement estime une hausse de 4,5 % cette année et de 4,8 % en 2022, puis + 2,6 % en 2023 et + 1,8 % en 2024. Et en 2026, année à laquelle les ressources européennes de la génération Next devront être engagées, la croissance économique nationale sera - selon les prévisions du gouvernement - supérieure de 3 points de pourcentage à celle du scénario sans les investissements contenus dans le plan de relance. Ce sont ces taux de croissance qui pourraient permettre de rembourser la dette accumulée depuis le début de la pandémie et qui atteint 160 % du PIB, sans recourir à des manœuvres de correction.  

Dans le ratio dette/PIB, c'est le dénominateur qui doit augmenter et être constamment supérieur aux taux ultra-bas de refinancement de la dette qui garantit, et continuera de garantir, la politique monétaire expansive de la Banque centrale européenne. 

 

Sources : Roberto MANIA, 22/04/2021, La Repubblica ; 22/04/2021, ANSA ; 22/04/2021, Il Sole 24 Ore ; 26/04/2021, Il Sole 24 Ore